1 octobre 2018

CGP - Avenir de la profession : le numérique au service d’un conseil à haute valeur ajoutée

Digitalisation,  fracture numérique, risque d’ubérisation, depuis quelques années la profession de CGP, à l’instar d’autres secteurs d’activité, doit faire face à des défis sans cesse renouvelés : nouveaux acteurs, nouveaux outils. Aujourd’hui, quel bilan peut-on tirer ? Quel rôle les associations ont-elles à jouer ? Et quelles seront les interactions dans la relation qu’ils entretiennent avec leurs clients ? C’est à ces questions que Benoist Lombard a répondu à l’occasion de la table ronde de vendredi dernier à Patrimonia.

Tout l’art du métier de conseil en gestion de patrimoine consiste à faire prendre conscience aux clients de leurs objectifs prioritaires et à les accompagner stratégiquement. Fondamentalement, la relation qu’ils entretiennent avec eux ne nécessite aucun outil informatique. C’est une fois que le cadre de l’intervention patrimoniale a été élaboré qu’il est possible de recourir à une automatisation des procédures dans le suivi financier d’un portefeuille par exemple.

Il n’en reste pas moins que ce suivi automatisé est un des enjeux stratégiques pour l’avenir de la profession qui doit nécessairement s’équiper. La CNCGP l’a bien compris et c’est pour cette raison que la société Quantalys a développé, à sa demande, un CRM à destination de ses adhérents. Il s’agit d’un module API qui viendra s’ajouter aux outils informatiques des cabinets, notamment ceux des agrégateurs. L’objectif est de réunir en un seul espace toutes les informations portant sur la clientèle d’un CGP, dont notamment le questionnaire dédié à la connaissance client, et de façon plus large de répondre aux différentes réglementations qui encadrent le métier (gouvernance produit, clientèle cible, profil de risque investisseur, etc.).
En proposant cet outil, la CNCGP agit en faveur de ses adhérents qui peuvent éprouver plus de difficultés que d’autres à se positionner face aux nouvelles solutions informatiques. Il est donc ici aussi question de limiter une certaine fracture numérique.

Ces dernières années, il est arrivé à la CNCGP de se montrer critique à l’égard de nouveaux venus sur le marché -de jeunes dirigeants de Fintech notamment- qui ont appelé trop rapidement à une remise en cause brutale des modèles de la profession. L’histoire lui a donné raison : pour l’heure, aucun de ces acteurs n’a rencontré le succès qu’il annonçait. Leur réussite ne sera possible qu’avec l’avènement d’un modèle associant les conseils en gestion de patrimoine. Sans conseil humain à haute valeur ajoutée, la technologie ne vaut rien.
Le « Rapport des AES (autorités européennes de surveillance) sur l’automatisation du conseil financier », relayé par le BIPAR, institut de représentation à Bruxelles, le démontre : le conseil financier automatisé n’est pas plébiscité par les épargnants.
Il y est également relevé que « les entreprises éprouvent toujours des difficultés à dresser correctement le profil de leurs clients et à comprendre les objectifs de ces derniers lorsqu’il n’y a pas d’interaction face à face et, dans un environnement numérique, il peut être difficile de s’assurer que le client comprend à la fois les conseils et les caractéristiques (telles que les coûts) du produit« .

La profession se doit cependant de rester vigilante. Pour preuve, récemment l’annonce faite de l’obtention de l’agrément CIF par une structure spécialisée dans les crypto-monnaies. Une telle adhésion n’aurait pas été validée à la CNCGP. La vigilance de l’association reste entière.

En conclusion, il ne saurait y avoir une « ubérisation » du conseil. La prestation de conseil continue, ne s’achève pas une fois la préconisation rendue et le produit financier vendu. C’est même exactement le contraire.